La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter Cendres et Soleil, la deuxième exposition personnelle de l'artiste Quentin Gouevic à Paris. Né en 1996 à Saint-Brieuc et formé aux Beaux-Arts de Nantes, l'artiste développe depuis plusieurs années une peinture abstraite avec un engagement physique total. Ce corps à corps avec la matière s'exacerbe dans cet ensemble de quatre peintures inédites, marquées par le passage de l'acrylique à l'huile. Reliefs, contrastes, puissance du geste et palette chromatique vibrante s'y entremêlent, à la croisée de l'héritage de l'expressionnisme abstrait et de l'affirmation d'un langage pictural singulier. Cendres et Soleil en est le témoignage, révélant une peinture aussi viscérale que lumineuse. Quentin Gouevic déclare :
Après ma première exposition à la Galerie Nathalie Obadia, j'ai cherché à renouveler ma manière d'aborder mes questions de peinture. Cendres et Soleil présente une sélection de quatre tableaux, qui témoignent de mes dernières avancées formelles, picturales et gestuelles. Depuis plusieurs mois, De Kooning et Soutine sont au cœur de mes préoccupations. Plus le temps passe, et plus je ressens le besoin d'entrer physiquement dans la matérialité de ma peinture - et presque de la percuter - malgré le soin que j'apporte toujours à mes tableaux. Après les expérimentations que j'ai jusqu'ici réalisées en termes de transparences, j'ai souhaité donner plus de corps à ma peinture, renouveler mon langage de gestes, mon répertoire de formes, de traces, de couleurs.
À force de batailler, je suis parvenu à renforcer son caractère « minéral » : reliefs, exsudations, cratères - mis en valeur par des coulures, projetées dans l'espoir qu'elles les accentuent. Ainsi, il y a maintenant dans mon travail davantage de nervosités et d'entremêlement des éléments de dessin, en particulier dans les tableaux Détruire et Facelift. Mes gestes s'amplifient ; deviennent plus explosifs, et s'accompagnent de nouveaux types de projections sur mes tableaux. Enfin, par-dessus toutes ces différentes énergies de peinture, des lavis de Brun Van Dyck, de Violet Dioxazine, de Vert Réséda ont été posés avec minutie, créant des contrastes de temporalité et de vitesse dans ma peinture.
Immortels et Facelift sont deux peintures à la puissance chromatique élevée, tandis que Détruire inaugure pour moi la réalisation d'un premier tableau blanc. Celui-ci en particulier a été très expérimental, et a subi divers traitements avant d'apparaître sous sa forme finale. Au cours de sa réalisation, j'ai effectué diverses tentatives telles que des grattages au canif, du dripping, et même des essais de collages de torchons de peintures. Détruire n'en porte plus la trace, mais toutes ces expérimentations lui ont donné de l'épaisseur et l'ont épuisé, dans son intention, dans ses formes, dans son chromatisme.
Comme les autres, c'est un tableau que je suis heureux de présenter à l'occasion de Cendres et Soleil, pour tous les exercices de pensées auxquels il m'a soumis. Cette exposition est une représentation de mon espace mental, et les peintures qui s'y trouvent racontent quelque chose de ma sensation de l'existence, de mon patrimoine mémoriel, sensoriel, et de l'époque dans laquelle j'ai l'impression de me trouver. Dans ce contexte, j'ai choisi le titre de cette exposition en référence et en hommage à la musique de Gilles Bertin, chanteur de Camera Silens.
Sur Get What You Deserve, j'ai écrit spontanément « I Hate People », alors que j'écoutais la chanson éponyme de GG Allin. Ce n'était pas chargé émotionnellement au moment où je l'ai fait, mais, après coup, l'inscription m'a plu et j'ai décidé de la garder. Ensuite, j'ai choisi d'appeler le tableau ainsi dans l'idée d'aller au bout de la démarche, de pousser le tableau à son paroxysme. Ce sont davantage des gestes de peinture que de véritables revendications.
Immortels porte le nom d'une chanson d'Alain Bashung et Facelift, celui du premier album d'Alice in Chains. Cendres et Soleil est le fruit d'une année de recherche en peinture très intense, au cours de laquelle j'ai beaucoup détruit, et avancé. À l'occasion de cette nouvelle exposition, je tiens à remercier ma mère Brigitte Gouevic, mes amis en général, et en particulier Romain Bernini pour tout le soutien qu'il a su m'apporter depuis que je suis arrivé à Paris.
Quentin Gouevic