Josep Grau-Garriga: Tots els environaments del món - Curated by Esther Grau and Carles Guerra Grau

Centre Grau-Garriga d’Art Tèxtil Contemporani, Sant Cugat del Vallès, Barcelona, Spain
Centre Grau-Garriga d’Art Tèxtil Contemporani, Sant Cugat del Vallès, Barcelona, Spain

Josep Grau-Garriga (1929-2011) développe à partir des années 1950 des pratiques artistiques inspirées des techniques textiles. Il devient rapidement une référence internationale pour l'approche la plus expérimentale de la tapisserie créative. Au début des années 1970, ses processus et techniques textiles connaissent une évolution. À cette époque, divers objectifs artistiques, éducatifs, communautaires et sociaux viennent s'y ajouter. La création d'œuvres autonomes a ainsi cédé la place à la pratique des « environaments » (adaptation du terme « environnement » en catalan), dont la réalisation impliquait un grand nombre d'acteurs et un lieu spécifique.

 

L'inventaire de tous les environaments réalisés par Grau-Garriga entre 1970 et 2004 comprend une soixantaine de cas. Bon nombre de ces interventions éphémères ont été réalisées en Europe et aux États-Unis, et, dans certains cas spécifiques, en Amérique latine et en Afrique. Le terme « environament » désignait une pratique située dans des cadres naturels ou historiques, soit typiques du monde de l'art, soit parfois complètement étrangers à celui-ci, avec des motivations de protestation, de dénonciation ou d'exaltation. Les environaments pouvaient être liés à la célébration d'un événement ou d'une cérémonie. Ils étaient souvent éphémères et subissaient donc des processus de démantèlement et de destruction. Ceux réalisés avec des fibres textiles pouvaient ressembler à de grandes tapisseries ou à des sculptures souples qui transformaient l'architecture du lieu en métier à tisser. C'est pourquoi beaucoup d'entre eux revêtaient un caractère épique.

 


 Dès les premiers environaments, Grau-Garriga a encouragé des changements importants dans la répartition du travail créatif. Les propositions de séminaires, d'ateliers ou d'expériences créatives en groupe invitaient les participants à s'impliquer dans la réalisation de grandes installations. Leur nature pédagogique transformait les collaborateurs en auteurs. La créativité a cessé d'être strictement individuelle pour devenir une entreprise collective. C'est ainsi que les environnements sont devenus des exemples d'action communautaire qui aspiraient non seulement à intervenir dans l'environnement physique ou le paysage, mais aussi dans les récits de ces lieux liés à des événements historiques. Cela les a également rendus controversés. Malgré leur caractère festif et vivant, ils ont parfois suscité des réactions négatives.

 

L'intensité dialogique qui les accompagne, tant au moment de leur création que lors de leur réception, en fait des objets d'une catégorie artistique inhabituelle. La preuve en est que les institutions artistiques ont consacré peu d'efforts à préserver la mémoire des environnements. Pour les récupérer, il a fallu créer des archives contenant des documents visuels, les voix des participants et des vestiges matériels ou des projets. En ce sens, ils s'inscrivent dans la tradition des paysages emballés de Christo et Jeanne-Claude, des découpes de Gordon Matta-Clark dans des bâtiments sur le point d'être démolis et des villes utopiques imaginées par Constant, œuvres que nous ne reverrons jamais, sauf à travers les témoignages documentaires qui ont survécu.