La Vanité de Philippe de Champaigne, conservée au musée de Tessé, est le point de départ de cette exposition consacrée à l'œuvre de Carole Benzaken, où la question de la vanité est sous-jacente. Son esthétique de l'impermanence et sa mise en suspens des choses par la peinture s'étend des Tulipes qui l'ont fait connaître, jusqu'à ses Éclats, œuvres les plus récentes de l'artiste.
Dès les années 1990, ses motifs floraux évoquent déjà les grandes heures de la vanité au XVIIe siècle. Après avoir vu son rapport au temps bouleversé par son séjour aux États-Unis, Carole Benzaken achète une ferme en Mayenne en 2006, dans le but d'y installer un atelier. Elle fréquente le musée de Tessé et admire le chef-d'œuvre de Philippe de Champaigne. C'est alors que naît la série Ecclésiaste 7 : 24. Inspirée du texte biblique, elle se réfère littéralement à la vanité des choses humaines et à un « profond, profond » inaccessible.
Dès lors, sa création se teinte d'une importante réflexion sur l'éphémère. L'image brouillée, floutée, diffractée, est conçue chez Carole Benzaken comme un montage, une superposition de couches dans une résistance aux images insignifiantes qui envahissent nos quotidiens. Le végétal, motif récurrent, y incarne une temporalité cyclique, lente et méditative, en contrepoint d'un monde happé par la vitesse.
Au fil de l'exposition, les visiteurs découvriront l'œuvre protéiforme et sensible de Carole Benzaken, guidés par les dessins de Candide, chronique visuelle commencée en 2003 capturant des images éphémères et vouées à l'oubli. Accepter avec joie et allégresse cette condition toute humaine, rendue par un va et vient incessant entre détail intime et geste monumental, entre échelle humaine minuscule et grandeur infinie du temps, là est l'enjeu du travail de la peintre et le projet de cette exposition au musée de Tessé.